D O C U M E N T S
D O C U M E N T S
par Victor Brauner, André Breton, Malcolm de Chazal, Jean Hélion et Madeleine Novarina
Victor Brauner
L'atelier de Victor Brauner, rue Perrel, en 1952.
De gauche à droite : François Bouvet, Sarane Alexandrian, Alain Jouffroy, Luce Hoctin, Jean-Dominique Rey, Jacqueline et Victor Brauner. Tableau au mur : La Cavalier du Rien
Photo : Théodore Brauner. IMEC/Fonds Alexandrian.
Au «Grand Crichant» de la démonotalismanie
de la dignité poétique Sarane Alexandrian
son ami Victor Brauner
« Maman propulsatrice
Pour Sarane, grand voévod du vent cris
Les ircadiens, les lacs et animaux de Ronco
Victor Infini »
Pastel de Victor Brauner offert à Sarane Alexandrian, 1948
IMEC/Fonds Alexandrian
André Breton
Première lettre d'André Breton à Sarane Alexandrian :
Mercredi 12 mars 1947
Cher Monsieur,
Max-Pol Fouchet ne m'a pas encore fait lire "Poésie et objectivité" mais votre lettre m'en dit assez pour que je croie à un profond accord entre nous, accord moins fondé sur la réception que vous faites à ce qu'a pu être jusqu'ici mon message qu'à la nature même de votre projet personnel, qui se confond en grande partie avec le mien. Je suis extrêmement curieux de savoir plus précisément de quels textes se composera votre recueil "La Révolution de l'Amour" (j'aime ce titre) et vous laisse entièrement libre de disposer des miens.
Je verrais le plus grand intérêt à publier au catalogue de l'exposition surréaliste quelques pages de vous, dans lesquelles demanderaient à être à peine transposées les principales idées qui s'expriment dans votre lettre et surtout celles qui touchent à la création d'une "mystique érotique". Malheureusement les délais d'impression m'obligent à remettre toute la copie le 20 mars. Qu'en pensez-vous ?
Je serai heureux de vous connaître. Voulez-vous me téléphoner (Trinité 28 - 33). Croyez, je vous prie, à ma très vive sympathie.
André Breton
Revue Fontaine, n° 62, octobre 1947
Sarane Alexandrina : Poésie et objectivité
Dernière lettre d’André Breton à Sarane Alexandrian
Paris, le 22 septembre 1964
Cher Sarane Alexandrian,
de l'instant où il s'est posé sur ma table, c'est tout d'une traite que j'ai lu votre beau livre "Danger de vie". Il supportera dans mon souvenir le voisinage de "l'Autre côté" sur un rayon qui m'est spécialement cher.
J'ai considéré avec mélancolie telles lignes de la notice biographique insérée dans l'ouvrage. Ému de vous voir rappeler la part que vous avez prise à l'activité surréaliste et m'affectant à l'idée qu'il a fallu si peu — une simple divergence quant au régime interne auquel est astreinte une entreprise commune — pour que nous cessions de faire route ensemble.
Du moins, "Danger de vie" m'assure-t-il que le meilleur a été sauvegardé de ce qui constitue nos affinités profondes.
Croyez, cher Sarane Alexandrian, à mes sentiments les plus propices.
André Breton
Danger de vie
Roman, Denoël, 1964
«Arcane 17» dédicacé par André Breton à Sarane Alexandrian
Sagittaire, 1947
Le groupe surréaliste à la galerie Maeght (1947).
Photographie de Denise Bellon
1. Maurice Baskine 2. Pierre Demarne 3. Maurice Henry 4. Jerzy Kujawski 5. Claude Tarnaud 6. Francis Bouvet 7. Enrico Donati 8. Marcel Jean 9. Jacques Kober 10. Stanislas Rodanski 11. Gaston Criel 12. Hans Bellmer 13. André Breton 14. Henri seigle 15. Henri Pastoureau 16. Bernard Gheerbrant 17. Victor Brauner 18. Sarane Alexandrian 19. Toyen 20. Madame Seigle 21. Nora Mitrani 22. Jacques Hérold 23. Henri Goetź 24. Frédéric Delanglade 25. Matta 26. Frederik Kiesler 27. Jindrich Heisler 28. Aimé Maeght - 29 ?
Malcolm de Chazal
Ma Révolution,
lettre à Alexandrian
Le Temps qu’il fait, 1983
Malcolm de Chazal, lettre du 1er novembre 1947
En 1947, Chazal avait envoyé à quelques écrivains français, depuis l’île Maurice où il vivait, son livre Sens Plastique. André Breton fut frappé par le ton unique et totalement nouveau de cet ouvrage; si bien qu’il proposa aux surréalistes de lui rendre hommage. Alexandrian, dans Le Surréalisme et le rêve, évoque les difficultés que cette question devait soulever puisque, dit-il, l’auteur « parlait parfois de Dieu et de l’âme ». Il explique : « Je pris l’initiative de lui écrire pour lui demander des justifications, et il me répondit par une lettre de trente et une pages, sur un ton superbe d’exaltation et de mégalomanie. »
Ma Révolution, 4ème de couverture
Jean Hélion
Jean Hélion (1904 - 1987)
21 novembre 1960
Mon cher Sarane,
j’ai lu presque d’une traite, en deux soirées, votre «Homme des lointains», avec toute l’amitié et l’intérêt que je vous porte, et celui, vite éveillé, du destin de ces personnages. Tout cela fortement campé, vivement mené, varié, avec une grande pénétration des rapports humains, un sens des cheminements inattendus de l’érotisme, au pouvoir d’unir des personnages très diversement riche.
Mais, bien que très réussi au plan où vous le menez, ce roman fait rêver à un autre auquel vous ne refuseriez pas les sommets de votre esprit : où un autre homme des lointains apparaîtrait, soucieux de l’aventure intellectuelle — et pourquoi pas aussi passionnée ? Je vous sais plus riche que ce livre, porteur de messages plus troublants. Vous montrez des dons étonnants de romancier — une aptitude aussi, dirait-on, au cinéma, car de tout cela on ferait de bons films, on y pense souvent en le lisant. Peut-être que ce livre vous a surtout servi à conduire, à pratiquer la conduite d’un ouvrage à personnages, et que pleinement rassuré sur votre pouvoir et votre adresse, vous allez nous donner bientôt une œuvre aussi vivante, mais aux personnages plus rares, plus inoubliables, plus importants.
Mais j’ai trop confiance en vous pour préjuger de votre avenir. Quelle variété est la vôtre cependant ! Passer du «Victor» au texte qui me concerne, et puis à un vrai roman ! Au fond ce qui vient à l’esprit — ai-je tort ? — c’est le besoin d’un livre où toutes ces aptitudes, tous ces leviers de votre esprit agiraient en commun, ou tour à tour : L’esthéticien, l’homme sensible (elle jouait à la poupée avec son cœur...), le psychologue, le philosophe d’une société, l’homme de théâtre (je le crois), et puis l’homme inconnu aussi que vous portez. Je voudrais vous trouver tout entier dans votre prochain ouvrage. Sûr du plaisir qu’il me donnera.
Affectueusement à vous deux,
Hélion
Lettre de Jean Hélion du 21 novembre 1960
concernant le premier roman de Sarane Alexandrian
Collection Didier Toque
Un livre inédit sur Jean Hélion
Après son livre «Victor Brauner l’illuminateur», Sarane Alexandrian a écrit un livre intitulé «Jean Hélion et le sublime quotidien», achevé en 1956. Pour différentes raisons, ce livre n’a jamais paru. À ce manuscrit encore inédit, Sarane Alexandrian a ajouté une «préface tardive» en 2005 dans laquelle il précise : «La publication de ce livre se heurta à un mur d’hostilité. Je l’avais rédigé parce que personne ne parlait de Jean Hélion, à part Francis Ponge et Pierre Mabille, dans deux articles dictés par leur amitié, mais je constatai que nul ne se souciait d’éditer une monographie expliquant sa peinture. J’eus beau solliciter de sa part Raymond Queneau chez Gallimard, prendre contact avec Aimé Maeght et d’autres, ils me félicitèrent de mon initiative, sans m’aider.»
Madeleine Novarina
Madeleine Novarina, Victor Brauner et Sarane Alexandrian à la villa Beauvau de Blonville en 1958
IMEC/Fonds Alexandrian
Emission télévisée sur Malcolm de Chazal, avec Sarane Alexandrian, 2002
L’Intermédiaire, 1955.
Projection d’encres de Madeleine Novarina représentant, de gauche à droite : Sarane Alexandrian, Victor Brauner et Madeleine Novarina
L’Homme des lointains
Flammarion, 1960
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